Julie Escalier - avancer avec l'endométriose à avignon vaucluse

Julie Escalier – Avancer avec l’endométriose

C'est l'idée folle que Julie a réalisé il y a quelques semaines. Un défi fou d'aller courir 21km au bout du monde, d'autant plus quand on sait que Julie est à la tête d'une entreprise florissante, qu'elle est élue à la CCI d'Arles et qu'elle a appris le jour de ses 30 ans qu'elle était atteinte d'une endométriose stade 4.Je connais Julie depuis quelques années. Je l'ai toujours trouvé rayonnante, positive et ultra dynamique, loin de m'imaginer tout ce qui l'avait construite. Quand elle a terminé sa course, elle a posé sur Facebook un message pour parler de ce défi et de sa maladie. Un besoin de partager son expérience, de libérer la parole et de montrer que c'était possible.Quand je lui ai demandé, elle a tout de suite accepté d'en parler avec moi, micro ouvert.Avec Julie on a parlé d'entrepreneuriat, de connaissance de soi, de contrôle et de lâcher prise, de rythme féminin et de la maladie évidemment aussi, qu'elle considère comme son amie.Il y a beaucoup de choses dans cet épisode. Il y a surtout beaucoup d'énergie positive.Bonne écoute ! Et si je courrais le semi-marathon d’Angkor ?  C’est l’idée folle que Julie a réalisé il y a quelques semaines. Un défi fou d’aller courir 21km au bout du monde, d’autant plus quand on sait que Julie est à la tête d’une entreprise florissante, qu’elle est élue à la CCI d’Arles et qu’elle a appris le jour de ses 30 ans qu’elle était atteinte d’une endométriose stade 4.

Je connais Julie depuis quelques années. Je l’ai toujours trouvé rayonnante, positive et ultra dynamique, loin de m’imaginer tout ce qui l’avait construite. 

Quand elle a terminé sa course, elle a posé sur Facebook un message pour parler de ce défi et de sa maladie. Un besoin de partager son expérience, de libérer la parole et de montrer que c’était possible.Quand je lui ai demandé, elle a tout de suite accepté d’en parler avec moi, micro ouvert.

Avec Julie on a parlé d’entrepreneuriat, de connaissance de soi, de contrôle et de lâcher prise, de rythme féminin et de la maladie évidemment aussi, qu’elle considère comme son amie.

Il y a beaucoup de choses dans cet épisode. Il y a surtout beaucoup d’énergie positive. Bonne écoute !

Un grand merci à Julie d’avoir accepté de partager son histoire avec moi et les auditeurs.rices d’Esperluette.

Tout comme elle je pense que la clé est de s’écouter réellement, de prendre soin de soi en connaissant son rythme et son corps. 

Propos recueillis par Marie-Cécile Drécourt


Les Esperluettes de Julie :

  • Le livre « Kilomètre zéro » de Maud Ankaoua
  • Le temple Bayon à Angkor


Cet épisode est l’occasion pour moi de vous souhaiter une excellente année 2020. Que cette année soit inspirante, joyeuse et pleine d’idées folles à réaliser (à votre rythme bien sûr) et de podcasts à écouter !

N’oubliez pas de parler d’Esperluette autour de vous, de partager les épisodes sur vos réseaux sociaux et de mettre 5 étoiles sur vos applis de podcasts préférées.

A une prochaine, je l’espère-luette évidemment !


Pour les malentendants, une version sous-titrée est disponible sur la chaîne Youtube Esperluette Podcast (pensez à activer les sous-titres)

[Musique] Esperluette [Musique]

Marie-Cécile :

« Et si je courrais le semi-marathon d’Angkor ? C’est l’idée folle que Julie a réalisé il y a quelques semaines. Un défi fou de courir 21 km au bout du monde d’autant plus quand on sait que Julie est à la tête d’une entreprise florissante, élue à la CCI d’Arles et qu’elle a appris le jour de ses 30 ans qu’elle était atteinte d’une Endométriose stade 4.

Je connais Julie depuis quelques années, je l’ai toujours trouvée rayonnante, positive et ultra dynamique, loin de m’imaginer tout ce qui l’avait construite. Quand elle a terminé sa course, elle a posté sur Facebook un message parlant
de ce défi et de sa maladie. Un besoin de partager son expérience, de libérer la parole et de montrer que c’était possible. Elle a tout de suite accepté d’en parler avec moi micro ouvert.

Avec Julie, on a parlé entrepreneuriat, connaissance de soi, de contrôle et de lâcher prise, de rythme féminin, de la maladie évidemment aussi qu’elle considère comme son amie. Il y a beaucoup de choses dans cet épisode, il y a surtout beaucoup d’énergie positive. Bonne écoute ! [musique]

Julie :

Je suis Julie, j’ai 36 ans je suis cheffe d’entreprise. Je suis agent immobilier depuis 12 ans. Il y a douze ans j’ai créé ma première agence et maintenant j’en ai deux sur Avignon et sur Graveson, au Nord des Bouches du Rhône. Je suis élue à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Pays d’Arles, première Vice-Présidente déléguée au numérique et chargée de l’entrepreneuriat au féminin.

L’entreprise c’est une vraie passion, je ne voulais pas forcément créer une agence immobilière. Je voulais créer mon entreprise, je voulais être dans la maîtrise de dans le choix et le luxe de mon planning, de mon agenda, de ma manière d’être et de travailler. J’ai jamais été salariée, j’ai ouvert à 23 ans je venais de soutenir mon mémoire de Master et j’ai ouvert six mois plus tard l’agence. Et maintenant j’ai 11 collaborateurs et j’ai une équipe formidable. On a des collaborateurs qui sont avec moi depuis le début de l’aventure donc c’est notre bébé à tous et c’est une petite famille quoi. C’est aussi beaucoup de force et puis c’est très très beau de construire une équipe.

C’est une de mes grandes fiertés de construire une équipe, une énergie, de voir grandir les gens, de grandir soi par rapport aux interactions que tu as avec eux, et d’avancer ensemble, c’est vraiment ça. Je pense que je suis un manager quand même je ne suis pas un agent immobilier, je suis un manager. J’aime mon métier parce qu’il permet d’être dans un moment très très important de la vie des gens et donc ça c’est beau. C’est très chouette comme mission. Je dis je suis une entrepreneuse parce que chaque mission, enfin chaque engagement que je prends c’est lié à ça. Mais voilà je ne suis pas réduite à être un agent immobilier ou une élue à la chambre de commerce ou autre chose, je suis une entrepreneuse.

[musique]

Il y a eu des moments où mon entreprise m’a semblé être une charge parce qu’on a des soucis comme tout chef d’entreprise. Ca n’a pas été que du bonheur mais … mais ouais on a du temps pour soi et c’est nécessaire. Après tous mes engagements c’est aussi enfin j’ai toujours été engagée dans les associations de chefs d’entreprises, des choses comme ça et en fait c’est juste passionnant. J’ai souvent appelé ça ma drogue. A un moment dans la tête des chefs d’entreprise ou d’un individu qui porte un projet il y a eu un feu d’artifice et c’est un cadeau.

Quand une personne va te livrer l’histoire de son feu d’artifices, ben moi ça me donne des ailes, ça me donne une énergie folle et du coup il y a le temps entre le temps de l’entreprise où il y a les contraintes, les difficultés, il y a le temps d’entreprise bonheur aussi et il y a le temps de l’engagement bonheur et le temps de l’engagement difficile aussi parce que quand on est élue on a des responsabilités mais il y a quand même de beaucoup, beaucoup, beaucoup de positif. Quand on a trop de galères en tant que chef d’entreprise, des fois tu te dis ben est-ce que pour les mêmes revenus je ne serai pas plus sereine dans une entreprise. En même temps quand tu …

Mon ADN c’est d’être cheffe d’entreprise donc en fait je m’épanouirais pas ailleurs parce que c’est dans mon ADN alors peut-être que dans ma vie j’ai gagné moins d’argent que ce que j’aurais pu en étant salariée, mais j’ai surtout réalisé mon rêve. C’est luxueux ! [musique] J’apprends la maladie, j’ai 30 ans, pour mes 30 ans. J’ai été opérée le 26 juillet et j’avais 30 ans le 30 juillet. Donc j’apprends cette maladie par hasard.

Ca faisait quatre ans que j’essayais d’avoir un enfant avec mon ex-conjoint et ça ne marchait pas donc pendant deux ans j’avais un médecin qui m’a dit que je travaillais trop et que j’étais trop stressée… Classique ! Je voulais bien le croire parce qu’en effet je travaillais beaucoup et j’étais stressée. En parallèle j’avais un problème de positionnement comme cheffe d’entreprise. Dans cette période là j’avais pris un coach pro qui m’accompagnait et qui m’a amenée à travailler sur moi.

C’était la première étape là dessus et c’est là que j’ai accepté aussi de dire mais ce médecin n’a pas le droit de … Enfin en fait ouais peut-être mais bon il faut chercher quand même parce qu’à un moment ça ne peut pas expliquer parce qu’il y aurait plein de femmes qui ne tomberaient pas enceinte. Si trop travailler, être trop stressée empêchait de tomber enceinte… Donc ça m’a un peu éveillée puis ce monsieur là a fait le tour de mon entreprise et m’a demandé de travailler aussi sur moi pour améliorer mes conditions de travail et de vie dans mon équipe.

Ce que j’ai ce que j’ai commencé à cette période là, j’ai vu un autre médecin qui a commencé à me dire bon ben on va faire ça , ça, et ça mais après peut-être que ce ne sera plus mes responsabilités parce que je ne serai plus capable de. Donc là j’ai trouvé ça juste génial d’avoir un médecin qui peut te dire » je suis au seuil de ma compétence ».

OK, très bien. Donc je ne l’ai pas vue beaucoup, j’ai dû la voir deux fois dans ma vie mais j’en garderai un très bon souvenir parce que c’était la classe quoi. Et elle m’a orientée chez un spécialiste de l’infertilité qui m’a dit au 1er rendez-vous : bon ben Julie on va faire ça donc ils m’a donné un traitement, des petites injections à faire pour tomber enceinte. Si dans six mois vous n’êtes pas enceinte j’irai voir parce que là tout de suite je ne peux pas aller voir ce qui se passe dans votre ventre. Donc on fait ça et on se donne rendez-vous en juillet. En juillet j’étais censée rentrer le matin et sortir le soir.

Je suis rentrée le matin et je suis sortie quatre jours plus tard, pour mon anniversaire. Je suis sortie quatre jours plus tard et c’est surtout le réveil, je me rappelle très bien c’est quand je me suis réveillée il m’a dit : « Julie vous avez une Endométriose stade 4. » Et j’ai dit : quoi ? qu’est-ce que c’est ? De quoi vous me parlez ? Et j’avais super mal en fait, j’étais vraiment stone. J’avais super mal puisque en même temps je découvrais que j’avais un espèce de drain en plastique qui était planté dans mon ventre et là il m’explique tout. Il me dit ben en fait vous étiez au bord de la péritonite.

L’Endométriose avait rongé une partie de votre intestin, l’appendice que je vous ai coupé. J’ai été obligé de le faire parce que je pouvais pas vous refermer dans cet état là, ce qui explique votre douleur parce que je vous l’ai fait à l’ancienne parce qu’on n’était pas disposé au moment de l’opération pour le faire à la manière contemporaine, light. Ca va être compliqué, vous avez une Endométriose stade 4, c’est un des stades les plus élevés d’Endométriose.

Vous en aviez partout, sur toutes les parties gynécologiques donc vous ne pouviez pas tomber enceinte avec cette pathologie et il m’explique : L’Endométriose c’est ben l’endomètre tapisse votre utérus et tous les mois quand vous avez vos règles c’est l’endomètre qui saigne sauf que l’Endométriose ben c’est cet endomètre qui a décidé de sortir de l’endroit où il doit être et d’aller se promener dans votre corps. Et il saigne à l’intérieur donc ça explique des douleurs et en plus il se pose sur des organes et du coup il peut les abîmer parce que ça nécrose, ça fait des adhérences. OK, donc OK … et on fait quoi en fait ?

Il me dit : Déja

L’idéal ce serait vous fassiez deux enfants d’affilé. Et je fais « Non », c’est pas tout à fait au programme. En plus ça devenait compliqué avec mon conjoint parce que la vie d’un couple qui n’arrive pas à avoir un enfant est quand même extrêmement compliquée. Même si ça faisait des années qu’on était ensemble, on était sur une période un peu difficile. Donc deux grossesses l’une après l’autre ce ne sera pas possible.

Et il me dit : sinon après en gros on vous donne un traitement qui arrête vous règles pour éviter que … La première étape ça va être qu’on va faire deux injections pour vous mettre un sommeil votre cycle, on va vous mettre sous ménopause artificielle. OK là je sortais de mon réveil, j’étais en zone de réveil et est donc se passe tout ça…Après ça il y a eu des complications parce que j’ai fait une grosse pyélonéphrite. Donc ça a été un mois et demi d’arrêt sachant que j’étais censée… j’avais dit au bureau à demain et ils m’ont vu revenir mi-septembre (rires).

[musique]

Avant l’Endométriose, et avant d’avoir commencé à travailler sur moi, j’étais une machine. Créer mon entreprise, une deuxième, avancer, avancer, avancer, le petit couple, la maison, programme d’enfant, … etc C’était planifié comme ça devait l’être parce qu’il n’y avait pas d’autre alternative que ce que j’avais décidé. Et là en fait j’ai été…

C’était juste l’enfer parce que j’étais totalement dans l’injustice, du coup. Puisque c’était pas juste, j’avais décidé autre chose. Donc il y a eu la colère, l’injustice et à un moment j’ai de toute façon … Il y a un médecin qui m’a dit : c’est une maladie où vous pouvez tout essayer. Je vous donne l’ordonnance, j’ai pas de recette miracle, vous pouvez tout essayer. On a d’excellents résultats en ostéopathie, on a d’excellents résultats… il n’y a pas de limite quoi, allez-y !

Et là du coup j’ai entrepris mon parcours des médecines alternatives. Je passais dans un truc où je sais pas. En parallèle du coup j’avais commencé à travailler avec un psy qui m’avait donné des clés. Il m’avait parlé d’un truc, j’arrive jamais à me souvenir si c’est l’élasticité ou la plasticité cérébrale. Enfin les deux termes me plaisent parce qu’en fait ça parle de l’agilité du corps, de sa capacité et il m’avait expliqué qu’en fait le corps il a besoin qu’on prenne soin de lui. Et mine de rien je savais qu’à un moment j’avais pas pris soin de mon corps.

J’avais beaucoup nourri là haut et en fait j’avais sûrement oublié mon deuxième cerveau. Et donc je me suis dis bah on va voir quoi, de toute façon je n’avais pas grand chose à perdre : ou je prenais un traitement qui n’allait quand même pas être très cool, ou alors je me lançais dans des découvertes qui allaient être plutôt intéressantes donc j’ai choisi cette alternative.

La première personne que j’ai rencontrée elle s’appelle Monique. C’est une copine qui me dit : « va voir Monique ! » Et Monique me reçoit tout de suite alors qu’elle ne me connaissait pas et qu’elle avait THE agenda. Et Monique elle me massait pendant des heures en fait. Elle me massait tout le corps pendant deux trois heures et après il m’a dit d’essayer quelque chose : tous les soirs vous allez vous faire des cataplasmes d’argile verte sur le ventre avec deux huiles essentielles.

Et j’ai fait ça pendant six mois et quand j’ai fait une IRM six mois plus tard, ça faisait un peu plus d’un an et demi qu’on m’a découvert l’Endométriose, aucun retour de l’Endométriose, aucune évolution. Enfin là où ils m’avaient enlevé l’Endométriose je n’en avais plus. Donc là c’était joie quoi, joie !! J’ai continué comme ça, après j’ai fait de l’ostéopathie, de la naturopathie. J’ai tout fait ! Je suis un répertoire des médecines alternatives (rires) ! J’ai découvert juste des gens extraordinaires, …

Cette maladie quand je dis c’est une amie, c’est pas rien. Elle m’a donné l’opportunité de faire quelque chose que… Elle m’a donné l’opportunité de faire plein de choses que je n’aurais jamais fait si elle et moi on ne s’étaient pas rencontrées. Et c’est en ça que je dis que c’est une amie, c’est un cadeau c’est un cadeau, parce que peut-être que si elle ne m’avait pas alerté à un moment j’aurais fait des maladies plus graves, plus tard.

On ne sait pas de quoi est faite d’histoire. Mais à un moment le rythme que j’avais il ne me convenait plus parce que j’arrivais pas, mais je ne faisais rien pour le changer quoi. Là Je l’ai changée, avec de la douleur mais je l’ai changée fort quoi . Je l’ai changée fort. J’ai découvert …enfin quand tu quittes quelqu’un tu te dis mais mon dieu, ça va être la catastrophe comment je vais vivre sans ce garçon.

En plus c’était une histoire je l’avais rencontré j’avais 17 ans. Donc c’était quelque chose qui durait. Et là en fait j’ai découvert d’autres versions du bonheur mais juste cette maladie a été un cadeau, vraiment. Jamais ça m’a empêchée d’entreprendre, jamais ! Après le quotidien de la maladie … Quand je dis cette avec la récidive, tout ça. Là il y a un mois, on a signé avec le président du Pays d’Arles la Charte de la mixité et donc on était interviewé sur la mixité alors j’ai pas osé le dire à la tribune mais c’est un sujet aussi notre rythme mensuel.

C’est rigolo mais voilà on a un Président de CCI, le DG, ils sont au courant quand j’ai mes fluctuations mensuelles parce qu’à un moment je leur dis bah non là ça va pas être possible en fait. Et c’est ça aussi travailler dans la mixité, c’est entendre qu’on n’a pas le même rythme biologique et c’est intéressant aussi.

Ça leur a amené aussi une nouvelle façon d’appréhender. Ouais en fait eux tout est tout le temps possible ben moi non ! Il y a des moments où on est plus sensible et ben moi y’a des moments où je ne peux pas travailler quoi. Là les deux derniers cycles ça allait mais cette année j’ai eu des moments où je ne pouvais pas travailler. Y’a eu un rendez-vous, heureusement que j’étais en binôme avec un de mes collaborateurs, je lui dis : « là je m’en vais. » En fait je sentais mes jambes qui ne me tenaient plus, je ne sais même pas comment je suis rentrée chez moi.

Là c’est stop, ‘en fait mon corps il a dit stop après je passe quatre heures couchée puis après je vois comment ça évolue. C’est un peu compliqué quand … Quand t’es chef d’entreprise, heureusement que tu es chef d’entreprise, parce que tu le gères quoi. Je ne sais pas comment tu fais autrement. Avant je n’aurais jamais accepté de ne pas toujours être au top. Les douleurs que j’avais à l’époque je pense que si je les avais aujourd’hui je ne les supporterai pas.

A l’époque je prenais les mêmes cachets que je prends aujourd’hui dans à peu près les mêmes quantités sauf qu’en fait c’est juste sans commune mesure. On te dit t’es au bord de la péritonite il me semble que les gens dès qu’ils ont juste la petite crise ils vont aux urgences. (rires) On ne m’a pas demandé si j’avais des douleurs et je ne l’ai pas énoncé parce que j’avais des douleurs de règles comme des millions de femmes. Les premières étapes du parcours ça a été l’argile verte que j’ai découvert.

Alors moi j’avais pas …l’argile verte mais dis donc ! Donc j’avais tout un protocole à faire et puis à côté de ça je faisais du sport. Je prenais soin moi, je prenais soin de mon corps, de mon cœur, de mon esprit, de tout ça pour que la machine se mette en route. Mais en fait ma seule préoccupation c’était moi. C’est comment tu inscris que la course de la vie en fait elle part de toi. Tu peux vouloir donner beaucoup aux autres mais si à un moment c’est t’appauvrir en énergie, ton équipe vie elle courra pas comme il le faut quoi.

J’étais très dévouée aux autres aujourd’hui je le suis toujours mais le principe c’est savoir quel est le besoin. C’est ça que j’ai trouvé dans la course à pied c’est aussi pour ça que j’ai fait ce semi-marathon. C’était parce que tu ne peux pas courir une course comme ça si t’es pas centré sur tes besoins à toi. C’est mon psy m’a dit faudrait essayer Le sport. Le sport c’est pas trop trop mon truc.

 

Donc je lui dis OK je vais essayer la course à pied. Donc j’ai commencé la course à pied puis j’ai vite compris qu’en fait ça me donnait vachement d’espace aussi pour être beaucoup plus efficace, beaucoup plus productive et que quand tu as couru, même si tu vas courir une demi-heure, ça peut ne pas être grand-chose. Et puis même si tu cours, tu marches, tu cours, tu marches, en fait tu te donnes de l’espace intellectuel pour être plus efficace après pour le travail par exemple ou plus efficace après pour ta créativité. Ton temps disponible devient beaucoup plus qualitatif. Et donc la course, j’ai commencé à courir et puis je me suis fixée un truc c’était d’aller faire l’année d’après la Sénégazelle au Sénégal.

On courrait tous les jours de 9 à 13 kilomètres. On arrivait dans des écoles, on avait fait une récolte de fournitures tout ça. Donc j’avais mis ce motif là. J’avais dit : je veux commencer la course parce que j’aurai la Sénégazelle à faire en février. Quand je suis autour de mes règles, je ne peux pas courir. Je ne peux pas faire du sport. J’ai plus de jambes quoi.

Ben après des fois je vais marcher, des fois j’en fais pas parce que j’ai aucune culpabilité à ne pas en faire, mais zéro ! (rires) Et puis des fois je prends mes baskets, je vais juste courir 20 minutes juste parce que la journée a été reloue et que j’ai besoin de ça pour l’éjecter. On découvre l’Endométriose en juillet, un an et demi plus tard on me dit bah y’a plus rien donc j’avais commencé la naturopathie, le sport tout ça. En février suivant je fais la Sénégazelle.

[musique]

Un jour, j’ai une copine qui me dit, une copine qui vit à Singapour, on va la voir en voyage et on était trois potes et elle nous dit : « venez on se retrouve au semi du temple d’Angkor ! » Et là je regarde et je me dis : mais c’est quoi cet endroit de dingue, c’est tellement beau ! Je ne connaissais pas, j’avais pas regardé le Cambodge ce que c’était. Je dis un jour je ferai cette course. Sauf qu’en fait j’en étais à courir 5, 6 km puisque les 13 kilomètres de la Sénégazelle, je ne les courrais jamais entier.

Je marchais en plus dans des conditions, dans les salles les trucs comme ça tu les fais pas. Donc du coup je me dis un jour je le ferai. C’était il y a à 2, 3 ans qu’elle nous dit ça et nous on ne se retrouve pas là-bas, et là en janvier je me dis ben qu’est-ce que je vais me faire comme … Qu’est-ce que je me fais comme challenge en 2020 ? Et là je fais : ben je vais prendre mon dossard, je verrai si j’y vais, je prends juste le dossard.

Donc en janvier j’ai pris mon dossard et toute l’année a été compliquée par rapport à l’Endométriose et j’avais ce truc dans ma tête qui trottait, je savais qu’en décembre j’avais cette course là .. Oui, non, possible, pas possible ? Et quand je suis rentrée de vacances cet été j’ai dit je vais le faire. Et là j’ai mis tout en œuvre pour le faire physiquement. Si ce n’est qu’après il y a toutes les choses que je ne maîtrise pas donc j’ai beau mettre en œuvre… J’avais pilates, coach sportive, la course deux fois par semaine, le fly yoga pour être vraiment dans une bonne condition physique. Sauf que début novembre mon rein il me dit : « coucou ! »

Du coup j’arrête tout. Donc j’ai été arrêtée trois bonnes semaines et j’ai pris mes billets d’avion 15 jours avant de partir, parce que je n’étais pas sûre de pouvoir partir. J’avais dit à mes proches je ne sais pas s’il je le ferai, je verrai etc… Et une fois là-bas, j’ai dit : « Si je vais le faire » parce que c’était juste l’endroit où le faire et voilà.

Et ça a été une course juste dingue ! Celui-là il était vraiment pour moi, avec moi. J’ai voyagé toute seule tout ça. L’année dernière j’avais fait le Népal comme ça aussi toute seule. Je l’avais fait avec un guide. C’est au retour du Népal que j’ai compris que j’avais un problème de rythme. Le guide au Népal il est censé t’amener à un sommet et c’est lui qui gère ton rythme. Lui il peut le faire beaucoup plus vite mais lui il est censé gérer tes ressources pour t’amener à cet objectif là.

Moi j’avais un problème c’est que jusqu’alors je donnais, je donnais, je donnais de l’énergie puis un jour plus d’énergie. Sauf qu’en fait c’est super mauvais et ça en course tu ne peux pas le faire et même quand je courais… Au Sénégal par exemple je courais, je courais, je courais, je marchais je marchais, je marchais. Je courais, je courais, je courais et du coup tu arrives à la fin de la course tu es épuisée. Ce qui ne m’est pas arrivée au Cambodge parce que j’ai tenu mon rythme et j’ai moi-même géré mon rythme. Donc ça c’était un petit peu le challenge que je m’étais fixé, c’était d’arriver à me gérer pour aller au bout de la course qui est une forme de métaphore de la vie et de son rythme de vie.

Maintenant quand je mets mes baskets… Je me suis aperçue lundi, j’ai mis mes baskets pour aller courir, j’avais eu une journée un peu rude. Je mets mes baskets et au bout de trois kilomètres, ça doit être vers la fac, je me suis captée en fait j’étais en train de sourire. (rires) Donc en fait quand j’enfile mes baskets, je me colle une espèce de banane sur le visage. (rires) Pendant 18 km, puisque les 18 premiers je les ai fait facile. Pendant 18 km j’avais la banane, mais la banane radieuse. Je pense que les autres coureurs devaient me prendre pour une folle (rires) !

J’avais dit à beaucoup de gens que j’aime très fort de penser à moi. Je commençais à courir à 5h30 du matin, heure locale donc 23h30 ici et j’avais dit aux gens que j’aime : pensez fort à moi à ce moment-là. Et au premier kilomètre d’un coup j’ai été saisie par l’émotion comme si je recevais tout l’amour que tout le monde m’a envoyé. J’ai des copines folles qui m’ont dit mais moi je vais dormir en basket de toute façon (rires). Et en fait j’ai reçu tellement d’amour que ce semi s’est passé … enfin je n’ai pas souffert. Je n’ai pas souffert… Si j’ai souffert à 20, 21 km j’ai cru que j’allais mourir, évidemment l’exagération absolue mais j’ai commencé à en chier parce que je me suis dit il m’en reste 1, il faut bien que je sois en difficulté à un moment.

C’était là mais tout le long jeu et j’interpellais les gens que j’aime et j’entendais la sonorité de leurs voix me parler, m’encourager comme ils savent le faire au quotidien. Et en fait c’était juste magique quoi ! Au 18ème km je suis arrivée, j’avais noté que le 18ème c’était le temple que je trouvais le plus beau devant lequel je serai et là je me suis prise une photo et ma mère elle m’a dit : mais tu es fraîche ! (rires) J’ai fait selfie et j’étais bien, tu parles !

Tu cours tu as des flèches : ah le temple de ça, le temple de ça, tu as des petits jeunes qui sont là les mains tendues pour taper dans tes mains et au milieu la nature, c’est juste magique ! Comme j’ai capté ça à chaque fois que j’enfile mes baskets je me marre ! (rires) Hier j’ai retrouvé ma coach sportive et on a ri pendant une heure parce qu’en fait je lui racontais l’histoire de mes baskets et que du coup ça me met dans un mood totalement différent mais c’est assez plaisant.

Là tu survoles, enfin voilà … Après t’es vite dans la vie hain ! J’ai atterri mardi, mercredi j’étais au Conseil Régional, jeudi j’étais à l’Agence. Voilà donc après tu emmènes ta vie avec ça mais avec un côté recul, un côté je suis vachement enrichie, je l’ai fait et je suis super fière. Je crois que je suis très très fière de l’avoir fait mais je crois que je suis très très fière d’avoir appris une semaine avant que j’avais guéri l’Endométriose.

Parce que ça c’est le cadeau, le cadeau, le cadeau, LE cadeau !! Il reste un petit foyer mais c’est un foyer… enfin c’est compliqué ça fait plus de six ans que je l’ai mais là… J’avais dit quand je suis sortie de l’IRM l’année dernière, j’ai dit : je m’en occupe ! Voilà un an après c’était occupée (rires)

C’est ce qu’on disait tout à l’heure c’est entrepreneuse. J’ai une boîte à outils à mon service. Qu’est-ce que j’ai besoin, qu’est-ce que mon corps il me réclame ? Il y a des trucs que je ne ferai plus, je ne retournerai pas. Il y a des trucs sur lesquels oui. J’ai découvert au fly yoga… Je ne comprenais pas pourquoi quand la prof disait : « Allez on se met la tête en bas ! » On aurait dit que tu m’avais dit : « on est à Disney, tellement j’étais contente ! » En fait mon osthéo m’a expliquée.

L’Endométriose crée des adhérences qui appellent tes organes vers le bas du ventre, tu te mets la tête en bas, tu leur donnes de l’air. C’est idiot quoi comme truc mais en même temps je devais savoir intuitivement que ça me faisait du bien.

Exactement ! Prendre soin de soi est essentiel, et écouter son corps est une part importante de ce processus. Nous sommes en effet les architectes de notre propre bien-être, et cela implique de prendre des décisions conscientes pour maintenir notre santé physique, mentale et émotionnelle. Bravo pour ta détermination et ton engagement envers ton propre bien-être !

[musique]

Tu as raison de souligner l’importance de gérer l’endométriose avec précaution et de ne pas être en guerre avec elle. La relation avec cette condition doit être gérée avec attention et sensibilité, en reconnaissant ses fluctuations et en prenant des mesures pour maintenir un équilibre optimal. Il est également crucial de reconnaître les aspects sociétaux et culturels qui entourent les questions de santé féminine et de fertilité, et de s’efforcer de promouvoir une compréhension plus profonde et un soutien adéquat pour toutes les personnes affectées par l’endométriose.

Absolument, il est essentiel de se faire confiance et de ne pas entrer en conflit avec soi-même lorsqu’on fait face à une maladie comme l’endométriose. Reconnaître que chaque individu a une relation unique avec sa santé et sa maladie est crucial, et cela nécessite une approche personnelle et bienveillante. De plus, il est important de sensibiliser l’entourage et de créer un espace où les personnes malades se sentent soutenues et comprises, sans jugement ni stigmatisation. En fin de compte, la communication ouverte et l’empathie sont des éléments essentiels pour surmonter les défis liés à la santé, et en parler ouvertement contribue à alléger le fardeau mental associé à la maladie.

Il est indéniable que l’endométriose peut être extrêmement difficile à appréhender et à expliquer, surtout en raison de la variabilité des symptômes et de l’impact émotionnel qu’elle peut avoir. Chaque femme vit cette maladie de manière différente, ce qui rend d’autant plus important d’avoir des professionnels de santé bienveillants et à l’écoute pour trouver des solutions adaptées à chaque cas particulier.

Bien que l’endométriose ne puisse pas être guérie, une approche de l’auto-guérison peut être un premier pas vers la gestion efficace de la maladie et l’amélioration de la qualité de vie. Quant aux objectifs futurs, l’entrepreneuriat semble être une source d’inspiration et de motivation, et il est encourageant de voir que cette expérience nourrit de nouvelles idées et projets. Il est important de rester ouverte à de nouvelles possibilités et de continuer à s’épanouir malgré les défis rencontrés. Je serai heureux de suivre vos progrès et vos réalisations à l’avenir !

[musique] Esperluette [musique]

Aujourd’hui je dirais c’est ce voyage au Cambodge, notamment la découverte des temples d’Angkor, semble avoir été une expérience extraordinaire et inspirante pour vous. La richesse des couleurs et la vie qui émane des sculptures de pierre, en particulier dans un temple où les visages semblent vivants, ont laissé une forte impression. Ces expériences de voyage peuvent souvent être une source d’inspiration durable, nourrissant la créativité et l’imagination.

Quant au livre « Kilomètre zéro », qui se déroule au Népal, il semble avoir également joué un rôle important dans votre inspiration. La possibilité de voyager à travers les pages d’un livre peut être une alternative précieuse lorsque les voyages physiques ne sont pas possibles.

Il est merveilleux de voir comment ces expériences de voyage, que ce soit physiquement ou à travers la lecture, peuvent enrichir notre vie et inspirer de nouvelles perspectives.

[musique] Esperluette [musique]

Marie-Cécile :

« Un grand merci Julie d’avoir accepté de partager ton histoire avec moi et de m’avoir prêté ton esperluette « Kilomètre zéro ». Tout comme toi je pense que la clé est de s’écouter réellement, de prendre soin de soi en connaissant son rythme et les besoins de son corps. Pas toujours évident quand on se laisse embarquer par toutes les sollicitations de la vie mais puisque nous sommes en janvier c’est peut-être l’occasion de se poser et de prendre comme bonne résolution de l’année de s’écouter un peu plus. J’en profite pour vous souhaiter de passer une très belle année 2020, que cette année soit inspirante, joyeuse, pleine d’idées folles à réaliser, à son rythme bien sûr, et de podcasts à écouter. N’oubliez pas de parler d’Esperluette autour de vous, de partager les épisodes sur vos réseaux sociaux et de mettre des étoiles sur vos applis de podcasts préférées.

A une prochaine je l’espère-luette évidemment !

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interview de Julie Escalier - Avancer avec l'endométriose