La Filaventure Brun de Vian-Tiran – En Vaucluse

En période de rentrée on se sent toujours un peu bousculé, c’est pourquoi je vous propose un petit bonus plein de douceurs. 

Ce mois-ci découvrez la Manufacture Brun de Vian-Tiran et son musée sensoriel « La Filaventure » ouvert en 2018. C’est Jean-Louis Brun, 8ème génération de la famille qui a créé cette magnifique entreprise vauclusienne, qui nous en parle avec beaucoup de passion.
 
Bonne écoute !
 
La Filaventure Brun de Vian-Tiran est située  Avenue de la Libération à l’Isle sur la Sorgue  et est ouverte :
– en juillet-août : 10h-12h30 et 14h30 19h00 du lundi au samedi Dimanche 12h00-19h00
– de septembre à juin : Du mardi au samedi : 10h-12h30 et 14h30- 19h Dimanche 12h00- 19h00
Tarifs (au 1er juillet 2021) :
Adulte : 7.50€ 
Réduit (demandeurs d’emploi, personnes à mobilité réduite, enfants 5-15 ans, étudiants -25 ans, seniors +65 ans, Islois sous justificatif) : 6.50€
Enfant (-6 ans) : gratuit
Tel : 04 28 70 28 00 
 
Retrouvez La Manufacture Brun de Vian-Tiran sur FacebookInstagramPinterest et le musée la Filaventure sur Facebook 
 
Propos recueillis par Marie-Cécile Drécourt
Rencontre avec Jean-Louis Brun, 8ème génération de la Maison Brun de Vian-Tiran pour parler du musée sensoriel "La Filaventure"

Pour les malentendants, une version sous-titrée est disponible sur la chaîne Youtube Esperluette Podcast

Ou vous pouvez lire la retranscription de l’épisode ici :

Marie-Cécile Drécourt : « Mon territoire foisonne de belles énergies. C’est pourquoi, entre chaque rencontre, je vais publier sur Esperluette, ces petits bonus, plus courts, pour mettre en avant un nouveau lieu ou une association installé dans le Vaucluse. Aujourd’hui, je vous propose un moment de douceur intense en visitant la Filaventure, le musée sensoriel de la Manufacture Brun de Vian-Tiran située à L’Isle-sur-la-Sorgue et c’est Jean-Louis Brun qui nous en parle avec beaucoup de passion. Bonne écoute ! »

Jean-Louis Brun : « Je suis Jean-Louis Brun, 8ème génération de la Manufacture Brun de Vian-Tiran. Je travaille avec mon père Pierre Brun, nous sommes co-dirigeants de la manufacture donc 7ème et 8ème génération. Brun de Vian-Tiran, c’est d’abord un nom un petit peu long, un peu compliqué parce qu’il exprime son histoire. Vian et Tiran, les fondateurs en 1808 et la famille Brun qui s’est mariée à la petite fille de Vian pour donner ce nom qui relève toutefois de la même famille mais plusieurs noms pourquoi ? Parce que c’est passé plusieurs fois par des femmes qui ont dirigé, l’entreprise. C’est une manufacture textile de plus de 200 ans à L’Isle-sur-la-Sorgue et c’est surtout une activité de recherche des fibres nobles dans le monde entier avec souvent des partenariats avec les éleveurs pour valoriser leur travail et les amener à faire plus beau en rémunérant la qualité qu’ils obtiennent. Et puis ensuite, c’est la création. On a une création qui est belle et bien inspirée par la nature, comme un cuisinier est inspiré par la nature de ces matières premières. Et puis ensuite c’est la fabrication. C’est encore, et ça c’est unique en France, c’est encore nos 35 manufacturiers, sur un effectif total de 45 on est une petite maison, qui transforment, sous leur regard attentif, dans leurs mains habiles avec des mois voire des années de formation et une ancienneté moyenne de plus de 17 ans, ce sont eux qui transforment totalement la fibre en étoffe à l’Isle-sur-Sorgue dans nos ateliers au bord de la Sorgue.

Nous travaillons dans le monde entier : tout près de chez nous avec ces laines exceptionnelles. Le mérinos d’Arles antique c’est donc avant tout du mérinos d »Arles, qui est le mérinos local, qui est une très belle laine qui est produite par des centaines d’éleveurs de la région, essentiellement autour d’Arles et dans la plaine de la Crau et les laines de France en général, nous sommes un des premiers clients de laines de France. Et sur tous les continents parce qu’on trouve des laines intéressantes sur tous les continents : le Pérou, la Bolivie pour les camélidés que sont les lamas et alpagas, le Kashmir dans beaucoup de pays d’Asie, le yack moins connu et puis en Mongolie également où je suis en train d’essayer de faire un petit peu la même chose qu’avec les mérinos de la région, en Mongolie avec deux ONG qui travaillent dans le cadre de la lutte contre la désertification, la préservation des espèces, la préservation du mode de vie nomade. Et où nous avons lancé un programme de valorisation des laines de bébé chameau, dans une petite région de Mongolie très protégée qui s’appelle Khomyn Tal. Nous lançons, en septembre, des châles de bébé chameau exceptionnel au magasin du Bon Marché à Paris en exclusivité. C’est l’envie de partager notre métier qui nous a poussé à  réaliser un musée sensoriel. On a eu l’occasion de racheter le bâtiment voisin des nôtres sur le tour de ville de l’Isle-sur-Sorgue avec un parvis de 1200 mètres carrés, 600 mètres carrés de bâtiments donc vous pouvez vraiment concevoir un lieu d’expériences important avec une belle boutique. C’est là qu’on s’est attelé à la tâche d’enfin pouvoir accueillir le public dans un lieu où on puisse partager notre savoir-faire, lui faire vivre notre métier, même actionner de véritables machines, soi-même, toucher la matière à toutes les étapes de transformation, voir les films de la totalité des processus de la fabrication. En fait on voit mieux que dans une visite de la manufacture puisqu’on voit tout cette ouverture au public et de cette communication de ce que nous sommes, de ce partage…

Vous savez vous faites connaissance avec quelqu’un dans la rue, dans un magasin, vous vous connaissez. Mais si vous allez manger chez cette personne alors c’est autre chose que de se connaître, on a partagé quelque chose. Et bien c’est pareil, les gens qui ont vu nos produits dans des boutiques, nous connaissent. Mais les gens qui sont venus chez nous, qui ont vécu ce parcours initiatique dans la Filaventure et qui ont échangé avec nous, alors, c’est tout à fait autre chose et l’attachement qu’on a ensuite… C’est comme quand on a visiter un domaine viticole, comme quand on est allé dans les cuisines d’un restaurateur, l’attachement qu’on a ensuite à la marque, je le dis au sens le plus noble du terme, est tout à fait autre et crée un lien très durable. La Filaventure, non seulement donne l’occasion cette rencontre, mais mieux que ça, la personne assiste à la conception et la naissance de cette étoffe donc c’est comme un bébé qu’on a vu grandir. Comme j’ai vécu cet attachement, je voulais le partager. Dans les métiers que j’ai exercé avant c’était naturel de partager. Dans les métiers d’art, la vinification, on invite les gens à venir voir ce qui se passe. Dans notre manufacture, c’était compliqué parce que nos vieux bâtiments de 1825 ne peuvent pas accueillir le public malheureusement. Des visites privées oui. On va en organiser de plus en plus pour les petits groupes. On commence au journée du patrimoine mais globalement peu de place, peu de monde alors il fallait créer un lieu cette rencontre ait lieu, un lieu de vérité. Et c’est pour ça aussi que j’ai voulu choisir une agence qui nous a très bien accompagné pour créer ce lieu, qui soit capable de donner un message, certes accessible, didactique donc simple mais pas simpliste surtout, un message vrai. Donc une équipe qui ait à la fois les les qualités pédagogiques des auteurs de livres, des auteurs de de cinéma mais également la compétence scientifique pour rentrer dans notre vocabulaire et nous aider à le dire plus simplement.

La Filaventure, c’est ouvert tous les jours en été et tous les jours sauf le lundi les autres mois de l’année de 10h à 12h30 et de 14h30 à 19h, seulement l’après-midi le dimanche. C’est une visite libre. Je ne voulais pas que les gens aient les mains occupées. Il faut pouvoir toucher donc il n’y a pas d’audio-guide, il n’y a pas de guide, c’est comme un film. On vient, on découvre, on explore par soi-même. Les enfants explorent avec un petit guide en français, en anglais, d’Edgar le mouton. C’est le petit Edgar le mouton qui les invite à une enquête du chasseur de fibres avec beaucoup de questions à répondre et un petit cadeau à la sortie. On a vu des enfants de 4 ans s’émerveiller. Le guide lui-même, c’est plutôt à partir de 5/6 ans et des ados s’amusent beaucoup avec. La Manufacture se trouve à L’Isle-sur-la-Sorgue, sur le tour de ville entre le lycée Benoît et la gare. Et la Filaventure son musée sensoriel est dans un des corps de bâtiment sur l’avenue de la Libération. Alors il y aune phrase que j’aime beaucoup, je précise elle n’est pas de moi, elle est d’un des accompagnants de l’agence qui nous a accompagné dans ces travaux, un linguiste, mais je l’aime beaucoup, c’est que la nature est douce aux hommes qui savent transformer avec respect ce qu’elle offre de meilleur. Mais effectivement la nature nous offre de très belles choses et le mieux que l’on puisse faire, c’est de les transformer avec un tel respect qu’on les révèlent mais qu’on ne les trahit pas. C’est un enjeu de tous les jours, parce qu’au mieux on va révéler 100 % de ce que la nature nous donne, un petit peu moins si on fait des erreurs. On peut pas faire mieux parce que finalement ce qu’on propose c’est ce lien à la nature. On part d’une nature extrême, parce que les animaux qui proposent ces belles matières vivent dans les climats extrêmes. C’est pour ça qu’ils ont développé ces duvets très fins. Et on doit les transformer en extrêmes douceurs et je mets ‘douceur’ au pluriel même si ça ne s’entend pas parce que vraiment ce sont des douceurs. Les fibres nobles peuvent-être courtes ou longues, peuvent-être ternes ou brillantes, peuvent être teintes ou naturelles, peuvent proposer des dizaines de couleurs naturelles, peuvent-être plates ou frisées et ça donne des styles d’étoffes comme il y a des styles de cuisine, comme il y a des styles dans toutes les disciplines artistiques ou artisanales. Et c’est pour ça que se passe cette rencontre, c’est parce qu’à un moment une étoffe unique rencontre une personne qui est tout aussi unique. »